La PNL est née au milieu des années 1970. Elle a été créée par deux américains, John Grinder et Richard Bandler. Et depuis 40 ans, de très nombreuses techniques ont été développées par ces deux chercheurs ainsi que par de nombreux autres pnlistes de renom. Mais, pour le sophrologue, les plus intéressantes sont celles qui s'appuient sur l'ancrage, processus thérapeutique imaginé par Milton Erickson (il n'a rien à voir avec l'ancrage au sol que l'on pratique en sophrologie appelé également enracinement).
L'ancre, en PNL, est un stimulus que l'on associe à un état interne (sensation, émotion ou sentiment). Il est donc de nature Pavlovienne. Pavlov a été le premier à découvrir le stimulus-réponse. Les expériences que lui-même ou d'autres biologistes ont menées à partir des années 1920 sont passionnantes. La plus célèbre est celle où il donne à manger à un chien et, quand la nourriture lui est distribuée, il fait retentir une cloche. Après avoir recommencé l'opération une vingtaine de fois, il suffit alors de faire retentir la cloche pour que le chien salive. Le stimulus externe (la cloche) déclenche donc automatiquement et rapidement un état interne (la salivation).
L'ancre en PNL s'appuie sur ce même principe étant entendu bien sûr que le patient est conscient du processus puisque le sophrologue lui en a expliqué le déroulé lors du dialogue pré-sophronique.
Il y a à mon sens 4 grandes techniques de PNL utilisant l'ancrage.
1. L'ancre en vue de se projeter positivement dans un événement anxiogène futur.
Exemple : passer un examen
(a) Le sophrologue demande au patient de déterminer la ressource dont il a besoin - et qui lui fait habituellement défaut - pour passer cet examen sans stress excessif.
(b) Quand la ressource est définie, on propose au patient de revivre un moment agréable de sa vie au cours duquel il a éprouvé cette émotion positive.
(c) Le sophrologue pose alors sa main sur une zone du poignet de son patient. Ce contact va devenir le stimulus qui - dans l'étape suivante - facilitera la futurisation.
(d) Dans cette quatrième étape, le sophrologue repose sa main sur le poignet du patient et le guide dans une visualisation de la situation anxiogène. La ressource se manifeste presque instantanément et le patient peut alors se projeter le jour de l'examen en toute sérénité et en vivant totalement la ressource qu'il a choisie lors de la première étape.
2. La désactivation d'ancres
Ce deuxième outil est très intéressant pour aider une personne à se libérer d'un souvenir d'échec par exemple.
Reprenons pour cela l'exemple de l'examen.
(a) On demande à la personne de revivre le souvenir d'un examen ou d'un contrôle qu'elle a mal vécu à cause de la présence d'un stress important ou d'une angoisse. Cet événement a pu se dérouler il y a quelques semaines ou quelques mois.
(b) Le sophrologue ancre cette première situation et avec elle l'émotion négative qui lui est associée.
(c) Puis il procède à la création d'une seconde ancre. Celle-ci sera associée à une ressource comme nous l'avons vu au premier exercice.
(d) Enfin, il ne reste plus qu'à passer à la phase de désactivation. Le souvenir 'négatif' se transforme alors positivement, il est retraité et modifié notamment sur le plan émotionnel. Il devient donc beaucoup plus facile, pour la personne, de se projeter positivement le jour de son examen car les traces mnésiques laissées par l'examen raté ou mal vécu (il y a quelques semaines ou mois) ont désormais disparues.
Cette futurisation est appelée 'programmation' en PNL. C'est bien le patient et non le sophrologue qui programme l'événement futur. Celui-ci n'est là que pour assurer le bon déroulement de la technique et poser les ancres au moment opportun.
3. La dissociation V/K
Mais dans certains cas, l'examen raté a été véritablement vécu comme un traumatisme. On utilise alors la technique de dissociation mieux adaptée à des situations plus douloureuses. La technique est finalement assez proche de la désactivation d'ancres mais, en aidant le patient à dissocier les parties visuelle et émotionnelle du souvenir, on peut travailler sur des scènes qui ont laissé des traces beaucoup plus profondes.
4. Le changement d'histoire de vie
Enfin, si le patient à eu depuis longtemps des problèmes - non seulement lors des examens ou des contrôles - mais aussi dans d'autres situation assez proches (peur d'être interrogé, difficulté avec le regard de l'autre, manque de confiance en soi...), le changement d'histoire de vie permet de (re)découvrir la genèse de cette problématique donc de retrouver des souvenirs en lien avec elle. Ces souvenirs douloureux et parfois traumatiques seront traités l'un après l'autre - du plus ancien au plus récent - avec un système d'ancrage proche de la désactivation et de la dissociation. Des symbolisations peuvent être également proposées ainsi que d'autres techniques de réparation.
Voici deux exemples qui donneront un aperçu intéressant de l'efficacité des ancrages de la PNL.
1. Une jeune femme prend des leçons de conduite. Le permis approche. Et chaque fois que le moniteur d'auto-école lui dit qu'il va jouer le rôle de l'examinateur - afin de la mettre dans des conditions d'examen proches de celles qu'elle va bientôt connaître - une forte angoisse, suivie de pleurs, apparaît.
Je choisis donc d'utiliser la désactivation d'ancres. Et lui propose de revivre la dernière leçon de conduite et plus précisément le moment où le moniteur lui dit qu'il va jouer le rôle de l'examinateur (1ère ancre). Puis, elle revit une scène positive récente, un moment où elle se sent bien, forte (2ème ancre). En activant les deux ancres, le souvenir négatif se transforme presque immédiatement. Elle constate, lors de la leçon de conduite suivante, que l'angoisse à baissé de 80%
Quinze jours plus tard, nous refaisons une seconde désactivation d'ancres. Et lors de la leçon de conduite suivante - quelques jours plus tard - la patiente ne ressent plus d'angoisse.
Une semaine après cette seconde intervention, lors de l'examen, elle n'éprouve plus d'angoisse. Elle n'obtient pas le permis à a cause d'une situation inattendue (un cycliste surgit subitement d'un trottoir et coupe dangereusement la route du véhicule qu'elle conduit). Mais elle n'a vécu aucun stress.
Elle doit repasser son permis un mois plus tard. Elle me dit alors qu'elle n'a plus besoin d'un troisième entretien car elle ne ressent plus ni angoisse ni appréhension. Elle ne ressentira pas non plus d'émotions négatives lors de l'examen quelle obtient cette fois-ci.
2. Ce cas est intéressant car il montre les capacités de changement que chacun porte en soi.
Cette patiente vit repliée, dans son monde, dans une bulle selon ses propres mots. Elle parle des petits problèmes qu’elle a eus avec sa sœur qui, selon elle, l'a toujours critiquée. La moindre remarque de sa part la fait souffrir. Elle n’ose jamais pas lui répondre car elle se sent bloquée.
Selon elle, tout a commencé lorsqu’elle avait 7 ans. Elle se met à chanter. Sa sœur lui demande aussitôt de chanter moins fort. D'après elle, c’est cet événement qui l’a traumatisée et qui explique que, depuis cette époque, elle s’est repliée sur elle-même
Je lui propose donc une séance de PNL en utilisant la technique de dissociation. Elle choisit un souvenir où elle vit le sentiment d'être centrée, équilibrée, consistante (ressource). Nous travaillons sur l'événement qui d'après elle est à l'origine de ses difficultés présentes (le souvenir où sa sœur lui demande d'arrêter de chanter). Je poursuis la séance de dissociation en lui demandant de visionner sa vie depuis cet événement jusqu’à aujourd'hui en maintenant l'ancre positive. En quelques minutes, elle voit sa vie se dérouler différemment...
Je termine par une futurisation. Elle me demande - au moment de la futurisation de la préparer à une rencontre, avec un garçon, qui doit avoir lieu prochainement. Elle a toujours eu peur des rencontres amoureuses et je crois comprendre qu’elle en n'en a jamais eues. J’apprendrai quelques temps plus tard qu’elle va se marier avec le garçon en question et que - selon elle - la futurisation a été très efficace !
Je pourrai continuer à présenter d'autres vignettes de thérapie où les ancrages de la PNL ont été déterminants. Mais ce que je souhaite surtout souligner c'est la complémentarité des outils de la PNL avec ceux de la sophrologie. La sophrologie a toujours fait le pari du 'positif'. Dynamiser le passé, le présent et le futur. Or, certains patients demeurent reliés - comme attachés - à des expériences douloureuses, négatives voire jugées traumatiques qui les empêchent de positiver et d'avancer vers un futur prometteur.
Certains viennent voir le sophrologue comme ils viennent voir un thérapeute. Ils veulent régler leur problématique et ne souhaitent pas se mettre à pratiquer quotidiennement la sophrologie chez eux pendant plusieurs mois. D'autres ont besoin d'une réponse rapide car l'événement à préparer est très proche. Et j'ai souvent fait la constatation suivante : lorsque je propose à un patient un protocole de PNL en expliquant la finalité de l'exercice, son utilité par rapport à sa demande, sur quelles bases scientifiques ou neurologiques il s'appuie, comment il opère... celui-ci accepte presque immédiatement cette proposition de travail. Car au fond, c'est cette démarche thérapeutique qu'il était venu chercher.
Limites d'un entraînement sophrologique 'orthodoxe'
Quand une personne vient rencontrer un sophrologue dans l'urgence (examen, permis ou entretien très proche) certains sophrologues disent à leurs clients que, pour se préparer efficacement à un événement proche, il faut venir au minimum plusieurs mois avant l'échéance ; qu'un laps de temps court (quelques semaines) ne permet pas d'obtenir de bons résultats, que la sophrologie c'est d'abord un entraînement régulier et non une boite à outils, etc.
La PNL n'est pas une thérapie miracle (il n'y en a pas), mais elle offre au sophrologue des techniques simples et rapides pour :
- libérer ou retrouver une ressource,
- faciliter une futurisation,
- comprendre l'origine d'une problématique en remontant dans le temps, découvrir la genèse d'une souffrance,
- désactiver un événement douloureux voire traumatique.
Avec ces outils, nous pouvons répondre favorablement à une demande 'urgente'. Nous conseillons bien sûr à cette personne de revenir après l'examen car certaines peurs doivent être travaillées en profondeur mais chaque patient est libre de poursuivre ou non un entraînement sophrologique. Si la réussite de l'examen, de l'entretien ou du permis était son seul objectif, la PNL aura alors donné un résultat positif.
Les techniques d'ancrage de la PNL sont simples, nous venons de le dire, mais pour autant elles nécessitent un timing précis, l'installation d'une bonne alliance (la sophrologie nous y aide), une anamnèse approfondie, une information détaillée sur les mécanismes de l'ancrage et surtout un choix judicieux de l'outil. Car, ce qui peut être obtenu avec un outil PNL ne le sera pas forcément avec un autre.
Les 4 techniques que nous avons succinctement présentées vont du plus simple (installer une ancre positive) au plus élaboré (le changement d'histoire de vie). Une bonne partie de l'efficacité du travail du sophrologue dépend donc du choix et parfois de l'adaptation de l'outil PNL afin qu'il produise les effets positifs attendus.
Le sophrologue doit être à l'aise avec l'expression émotionnelle de son patient. Car celle-ci surgit régulièrement. Il faut véritablement la voir comme un lâcher-prise, une libération. Ce qui veut dire que le sophrologue doit avoir lui-même vécu une thérapie quelle que soit la forme qu'elle ait pu prendre. Et idéalement, il doit avoir lui-même vécu ces techniques, les avoir expérimentées de l'intérieur. C'est d'ailleurs ce que je propose lors des modules de formation. En binôme, chacun se place à tour de rôle dans le rôle du sophrologue puis celui du patient. Car c'est en vivant de l'intérieur la méthode voire en faisant des erreurs lorsque l'on est dans le rôle du thérapeute que l'on apprend véritablement ces protocoles et que l'on en découvre les subtilités.
Similitudes entre sophrologie et PNL
De nombreux sophrologues utilisent une technique proche de l'ancrage de la PNL. Elle fait partie du programme de formation de certaines écoles de sophrologie. Il s'agit du signe-signal. C'est une activation efficace et très appréciée des patients ou élèves que nous recevons. Elle s'appuie sur un stimulus (joindre les 3 doigts d'une main) et un état interne (le relâchement ou la tranquillité vécue à la fin d'une séance de sophro). Lorsque ce signal positif a été créé, il peut être activé chez soi ou au travail quand une situation un peu stressante se présente. Son activation génère un état très proche de ce que la personne a pu vivre en séance et en présence du sophrologue. C'est une technique intéressante qui rend très vite la personne autonome et lui redonne confiance en elle.
On pourrait également citer la sophro-respiration synchronique où l'on associe un mot (évoqué mentalement à chaque expiration) aux phénomènes vécus durant la séance. Plus nous répétons cet exercice, plus le mot s'imprègne de notre état interne et nous pourrons alors reprendre l'exercice, au quotidien, lorsque nous aurons besoin de retrouver la sérénité.
L'inconscient
En PNL comme en sophrologie nous dynamisons positivement le passé, le présent et le futur. La seule différence - mais de taille - c'est que la PNL ne refuse pas la notion d'inconscient - non pas au sens freudien mais au sens le plus large du mot - et ne nie pas l'influence déterminante du passé sur notre présent. Nous ne pouvons pas non plus faire une réduction phénoménologique de notre histoire car celle-ci nous imprègne en profondeur. Le changement d'histoire de vie permet une exploration de notre passé en toute tranquillité grâce aux ressources que le sophrologue active. Cette technique n'est pas une psychanalyse mais un protocole qui permet de mieux lire son histoire et d'en désactiver les épisodes les plus négatifs. Nous souvenirs ne sont que des constructions. En les modifiant, en les réécrivant autrement, ils cessent d'être traumatiques. C'est en grande partie d'ailleurs l'objectif premier de l'EMDR qui est désormais reconnue comme la thérapie la plus efficace dans le traitement des traumatismes.
Pour conclure...
C'est en associant la sophrologie à la PNL que j'obtiens les meilleurs résultats. En activant une ancre de la PNL tout en proposant une sophro-activation progressive par exemple, le patient atteint son objectif encore plus rapidement. De plus, le sophrologue grâce à son terpnos logos et sa maîtrise de tous les outils sophro (relâchement, mouvements dynamiques, respiration,...) met le patient dans des conditions favorables au travail de l'ancrage et notamment lors du changement d'histoire de vie.
Rappelons enfin l'importance du concept d'alliance, sans lequel la relation thérapeutique ne peut véritablement fonctionner et qui est le moteur de toute situation thérapeutique.
Thierry Loussouarn - Directeur de l'Ecole de Sophrologie de Salon de Provence
Son site : www.ecole-sophrologie.com
La fiche de son école : Ecole de Sophrologie de Salon de Provence